Week end à Fukui 

 

C'est dans une trattoria de Fukui, petite préfecture reculée au Nord du japon, que j'écris ces lignes. J'en avais assez du porridge de riz , du tofu (espèce de gelée de pâte de haricot), des soupes de nouilles. IL me fallait du pain, du beurre, du poisson CUIT. Voilà qui remonte le moral quand on est loin.

En mission professionnelle au japon pour trois semaines, j'ai passé deux week-ends que je crois dignes d'être racontés.

 

FUJIYAMA


Le premier week-end a consisté à monter le Fujiyama. C'est une montagne facile, à 3700 mètres. A bon pas il faut 5 heures de montée et 2h30 de descente ; il y a 1400 mètres de dénivelée à partir de l'arrêt de bus. La première ascension remonte quand même à l'an 863, par un moine bouddhiste. Depuis, le sommet est révéré comme un lieu de pèlerinage. Les Japonais montent par milliers (parfois 5000 personnes au sommet ! ) pour observer en méditant le soleil qui se lève.

Les foules sont là en été mais je fais l'ascension en octobre. Il y a beaucoup moins de monde, et nous sommes même seuls en haut. Nous sommes montés à deux, avec Fiona, ingénieur télécoms anglaise vivant à Munich mais détachée par Sony pour trois mois à Tokyo. Les quelques japonais qui peinaient sur la " a send ing trail" (je ne fais que recopier) ont fait demi tour avant le sommet.

La vue du haut est magnifique, car le Fuji est vraiment tout seul à trôner là, au milieu d'une grande plaine. Par chance le temps est superbe. Les autres montagnes sont des chaînes beaucoup moins élevées. On les voit ressortir de la mer de nuages.

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En redescendant, bien fatigués, nous trouvons une auberge de jeunesse à Kawaguchiko. Drôle d'auberge de jeunesse ; nous sommes à peine accueillis par un vieux monsieur, très affairé à briquer un sol impeccable, sans une poussière. Il nous montre les lieux ; tout est conforme à la tradition japonaise : bains communs hommes d'un côté et femmes de l'autre ; changement de chaussures quasiment à chaque changement de pièces (c'est la gaffe assurée) ; lits en tatamis. Seule curiosité : il n'y a pas de jeunes dans cette auberge estampillée YMCA ; dans la salle de télévision sont assis 7 ou 8 septa -voire octo- génaires, immobiles devant le petit écran. On a l'impression que le maître des lieux a invité tous ses amis, à défaut de clients, à venir profiter du salon. Une musique suave, mal retransmise par de vieux hauts parleurs en plastique gris fait un peu penser à "vol au dessus d'un nid de coucou".

Il faut vite prendre les bains car il est déjà 8 heures du soir. OK on se dépêche. J'ai la chance d'être seul dans la salle des hommes. Mais Fiona tombe sur une femme d'une cinquantaine d'années, et sa mère et une amie. Elle commet l'impair de prendre directement son bain ; il faut d'abord s'asseoir sur un tabouret en plastique et effectuer toutes sortes d'ablutions avec les accessoires requis, bien dans l'ordre. Après plusieurs douches, on se détend dans le bain.

Puis on décide de sortir dîner , mais notre hôte nous demande d'être rentrés pour Neuf heures, alors qu'il est 8h30 passées, et que nous n'avons rien mangé de chaud de la journée !

Nous arrivons à être de retour presque à l'heure pour le coucher. Je me réjouis d'avance de cette bonne nuit et de la grasse mat' demain, sans enfants pour réclamer des biberons.

 

UN DIMANCHE A KAWAGUCHIKO


A 6h30 précises, la musique de "vol au-dessus d'un nid de coucou" se remet à couiner dans les haut-parleurs. Je décide une grève unilatérale du réveil, mais l'hôtelier entre dans ma chambre après quelques minutes, encore plus terrorisant que l'impression d'être Jack Nicholson dans son asile. Debout ! Un délicieux assortiment de légumes exotiques, de nouilles en soupe et de poissons séchés nous attend.

C'est là, à cette table, que nous faisons connaissance avec le révérend Hattori, moine bouddhiste d'un âge très vénérable, qui paraît très gai, très amical, et qui répète inlassablement son invitation "plis com' to visit my tempo". Ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd ; on échange les adresses.

les horaires de bus: simple comme bonjour

Nous passons la journée à tourner autour de cinq lacs très jolis, très bondés aussi.

Une petite manifestation organisée pour le troisième âge a attiré quelques milliers de randonneurs, qui font avec une motivation évidente le tour d'un lac grand comme deux fois la place de la concorde. Tous nous saluent sur nos vélos ; il faut conduire d'une main.

Des grottes volcaniques sont assez étonnantes, elles semblent creusées par les gaz émanant de nappes de lave souterraines, et on croit marcher sur un fleuve de lave solidifié.

Fiona et Florent à Vélo

Un panneau quelque peu ambigu dans une grotte noire et basse...

Puis c'est le retour à Tokyo, pour une semaine de boulot dur dur. Arrive vendredi, j'appelle le moine pour répondre à son invitation : j'aimerais venir le voir ce week-end dans son temple de Shokoji, dans la préfecture de Fukui, pour qu'il me parle du bouddhisme. Il accepte avec plaisir, toujours aussi gai.

 

Malheureusement un portugais américanisé m'invite à dîner vendredi soir pour parler de boulot. Tant pis pour le bus de nuit. Fukui est très loin de Tokyo, car il faut traverser l'île du sud au Nord, donc vaincre les montagnes de l'intérieur.

DEPART POUR FUKUI

Un resto de Tokyo, qui sert des

yakitori (brochettes de poulet)

(cliquez l'image pour l'agrandir)


J'opte pour le Shinkansen de 8h36. C'est le TGV local, avec les prix de 2 ou 3 TGV. L'aller simple pour une distance de 400 Km coûte 14 000 yens, soit presque 1000 francs. Ensuite, une correspondance m'emporte vers le Nord. Arrivé à Fukui, je loue une voiture sans grande difficulté ; la guichetière adorable passe une demi-heure à chercher sur la carte le temple de Shokoji, avec les experts compétents (j'ai nommé les chauffeurs de taxi).

Trouvé ! IL n'y a que 35 kilomètres mais l'itinéraire est soigné, avec des indications tout en japonais. Seules quelques routes principales ont un numéro qui m'est intelligible.

Je prends la route et comme j'aime les choses compliquées, je fais un détour par le bord de la mer. La route passe par de magnifiques vallons tapissés de rizières en terrasses et cernés de montagnes très abruptes (après quelques tentatives d'incursion je comprends pourquoi les Japonais n'y mettent jamais les pieds). La végétation est superbe, les oiseaux chantent avec vigueur, quelques arbres sont rouges bien que l'automne en soit à ses débuts ici.

La route 417 me mène au bord de la mer, dans un charmant village de pêche. Tous les bateaux sont équipés de lamparos, pour attirer les poissons. La nuit va bientôt tomber et les pêcheurs s'apprêtent à sortir.

La route longe une côte superbe, très découpée ("rugged" comme disent les Anglais) , avec seulement quelques pêcheurs qui attendent calmement leur prise. Tous les villages sont protégés des Tsunamis par de grosses digues en blocs de béton, à l'entrée du port. Je descends sur une plage artificielle absolument déserte. La main passée dans l'eau me surprend : mais elle est bonne, cette nippon sea ! Au moins 20 degrés ! Il y a un courant chaud qui remonte du pacifique sud. Va pour une baignade solitaire au soir tombant. Puis je reprends la route ; Il faut quand même arriver pour l'heure annoncée (6 heures) chez le révérend Hattori. C'est là que les ennuis commencent. Il se met à pleuvoir, de plus en plus fort, et je me retrouve totalement perdu dans Takefu, une petite ville absolument opaque. Les gens sont gentils avec moi mais rien n'y fait : ils ne connaissent pas le temple de Shokoji, ne savent pas me dire ou je suis sur la carte, ni où je vais. Après pas mal d'erreurs, de demi-tours, de "mais ou est cette P... de route 197", j'arrive dans le village de Shokoji, totalement désert. Je dois déranger des gens chez eux ; un jeune homme décide -sur ordre de sa mère- de m'accompagner à 2 voitures jusqu'au temple.

LES DEUX TEMPLES DE SHOKOJI


A peine arrivons-nous devant un superbe temple en bois, adossé à la montagne, qu'un jeune moine en sort. Il parle correctement anglais. Mais me déclare dans un anglais correct que le révérend Hattori n'a jamais habité dans le temple de Shokoji, ou du moins dans ce temple de Shokoji. Il vit seul ici avec ses deux parents. La clôture monastique n'a pas la même signification qu'à la grande chartreuse, apparemment.

S'ensuit une longue palabre. Le moine est assez marquant, il émane de lui, derrière une façade très disciplinée et réfléchie, une paix et une joie profonde digne des frères de Saint Gervais à Paris. Ses gestes et paroles sont posés, simples, rayonnants. Il ne connaît pas d'autre temple de Shokoji près de Takefu (c'est l'arrêt de bus que m'avait indiqué le révérend au téléphone). Nous décidons d'appeler le révérend, seule indication dont je dispose alors qu'il est déjà presque 9 heures du soir.

Il se parlent, avec les nombreuses exclamations de gêne bruyante qui conviennent, et se donnent rendez-vous sur un parking. Le jeune moine m'emmène, je le suis en voiture.

Quelques kilomètres plus tard, nous arrivons sur un parking désert devant un bâtiment apparemment administratif. Une petite voiture -japonaise évidemment- est garée là. Le révérend Hattori en sort, le bas de survêtement à mi-fesses. Les retrouvailles sont chaleureuses ; je me confonds en excuses vis à vis du révérend Hattori et en remerciements vis à vis du jeune moine qui m'a escorté.

Nous partons à deux voitures jusqu'à l'autre temple de Shokoji. Il est tout aussi magnifique, et également adossé à la montagne, dans une forêt de bambous.

Un magnifique dîner m'attend. Alors que j'avais compris qu'ils étaient sept moines dont il était l'abbé, nous sommes seuls à loger dans la maison qui jouxte le temple. Soit c'est un vantard sur les effectifs de ses équipes (défaut somme toute très commun), soit j'avais mal compris. Il me dit que sa femme n'est pas là car elle est à l'hôpital. Curieux. Apparemment ce serait la différence entre un prêtre bouddhiste -qui a le droit de se marier- et un moine, qui reste célibataire. Le dîner est excellent, avec beaucoup de légumes frais et de fruits (dont des Kakis, qui se disent ainsi au pays du soleil levant ; ce doit être un des seuls mots japonais utilisés en français).

DINER, CADEAUX, PHOTOS


IL est aux petits soins pour moi, veille sans arrêt à mes moindres manifestations d'envie ou de dégoût (notamment pour certaines nouilles froides typiques de la région, mais dont j'ai oublié le nom). Le saké est fort buvable mais assez fort. Je dois refuser d'ouvrir une bouteille de bière qui semble, dans ma fatigue légèrement éthylique, contenir des litres et des litres. Il a préparé, à côté de mon assiette, 5 gros bouquins en anglais sur le bouddhisme. Après le dîner je lui offre mes cadeaux : un plateau de laque, deux petites bouteilles de whisky, et une sorte de désodorisant top naturel en bambous carbonisés, bien rangés dans de petits paniers d'osier (très zen j'avais trouvé). Il incline la tête bien bas mais n'ouvre pas mes cadeaux, c'est l'usage (si je pouvais apprendre cela à mes enfants !).

Voici l'heure des photos. Il me sort ses albums, principalement des participations à des congrès bouddhistes un peu partout (japon, Corée, USA). Son père était moine bouddhiste aussi (dont prêtre je suppose) ; il habite dans ce temple depuis plus de 50 ans. A mon tour de lui montrer mes photos. Je sors mon PC (que j'avais emmené pour travailler dans le train) et nous voilà partis ; je lui montre quelques morceaux de vie numérisés : Laurence, les enfants, les moments de famille à la plage ou à la montagne, quelques amis, l'appartement de Paris.

 

Le révérend Hattori et moi

Nous embrayons sur la discussion tant attendue sur le bouddhisme. Je voudrais qu'il m'explique. La conversation est rudimentaire. Difficile d'aller au fond de notions comme la selflessness ou le happy path to Buddha avec nos niveaux d'anglais et d'écoute. J'ai du mal à comprendre pourquoi le bouddhisme comprend tout un volet de culte religieux (la sagesse, dont j'ai oublié le nom sanscrit, est proprement une révélation) alors que Bouddha n'était qu'un homme, certes illuminé, mais un homme ? Je crois quand même comprendre quelques bribes, assez belles d'ailleurs : l'égoïsme mène à la souffrance et à la destruction. IL n'y a qu'en sortant de soi, en surmontant la pensée dont les raisonnements visent souvent à se rassurer sur ce que l'on croit être, que l'on accède à la vérité.

Nous allons faire une prière dans l'autel de sa chambre. Il m'explique qu'il y a un temple sur ce lieu depuis plus de mille ans. Il semble s'impatienter un peu quand je n'arrive pas à répéter parfaitement des prières de 69 syllabes totalement inintelligibles.

Après un bain traditionnel japonais (je connais maintenant), je monte me coucher totalement épuisé. Sa maison, tout en bois, contient à la fois des piles de bouquins et de vieux objets en désordre, et des gadgets électroniques ultramodernes (air conditionné avec télécommande de polytechnicien, appareil numérique, couverture chauffante réglable, autres bidules totalement inconnus mais certainement très utiles...)

L'OFFICE DU DIMANCHE


Le lendemain matin, nous commençons par un grand office de matines, tous les deux dans le temple.

J'enfile une sorte de banderole brodée au cou, je tiens un petit chapelet en graines d'arbres à la main. Je dois de temps en temps placer une pincée d'encens sur un petit brasier. Il est devant moi et chante en tapant de temps en temps un cylindre métallique qui met 4 bonnes minutes à se calmer. Les cadeaux que je lui ai offerts hier sont posés devant lui, il ne les a toujours pas ouverts. Je ne suis pas vexé ; ce doit être l'usage de les offrir à bouddha avant de les ouvrir pour soi, fidèlement à cette célèbre selflessness. Après l'office, petite séance de chant : il met une disquette dans son synthé, et me fait suivre sur un livre ou je lis les notes mais pas les textes. Faut-il marmonner "ah ah ahah" pour participer un peu ou cela serait-il incorrect pour un cantique sacré ? That is the question...

Après le petit déjeuner (il a accepté que je ne prenne pas de ces nouilles froides), je pars respirer un peu (et fumer un peu je dois reconnaître) dans la forêt qui est derrière le temple. Des bambous aux couleurs et aux courbes superbes se disputent la lumière avec des pins. Quelques tombes s'ajoutent à la brume pour donner un aspect inquiétant à cette forêt dans laquelle le révérend ne va jamais.

Je ne sais pas quel est le programme de la journée, mais nous partons à deux voitures, un dans chaque voiture. Je ne sais pas pourquoi, mais je commence à avoir l'habitude.

On commence par un garage, Mitsubishi ou Nissan je ne sais plus. Là, tout le monde (une foule comme d'habitude) se lève à la vue du révérend et s'incline en débitant les sempiternelles paroles de respect (elles finissent souvent par "gozaimas" ou "kurasai"). On s'assoit autour d'une table agréablement disposée dans le garage, entre les étagères de pneus et les capots ouverts de 4*4. Le Saké arrive, avec des lamelles de poisson séché. Juste après le petit déjeuner c'est dur mais quand faut y aller, faut y aller. Les paroissiens sont adorables. Une femme a 4 enfants ; je croyais que cela avait disparu du japon. On apporte une bière et une soupe de nouilles ; j'arrive à escamoter la bière et une seconde soupe de nouilles.

LA TOURNEE DES PAROISSIENS


On enchaîne par la fête du village. Des stands font cuire des beignets. Dans l'école, des enfants, ou plutôt une myriade d'enfants, courent partout, ou font avec application une sorte de tricotage avec les doigts. Tout le monde s'incline devant le révérend qui est assez fier de trimbaler un européen de Paris. C'est reparti pour des beignets de patate douce (j'adore la fécule), une grosse barquette de sushis évitée de justesse (le révérend n'avait plus faim par chance), des beignets au chocolat (il avait re-faim). Certains enfants me regardent avec méfiance, nous sommes vraiment dans un village reculé.

Un homme en costume arrive. Il ne me salue pas, même lorsqu'un homme le lui demande avec insistance. C'est le président de l'école. Je me rends compte qu'il n'a pas salué le révérend non plus. IL y a peut être une bisbille du genre "don camillo".

Je suis réquisitionné pour participer à la fabrication d'un gâteau de riz traditionnel : on met du riz dans une grande bajasse en bois (un peu comme les pilons à mil en Afrique) ; un homme prend un grand marteau en bois et tape. Entre chaque coup de masse, une femme met les mains dans la bajasse, tourne et humidifie le gâteau de riz. J'essaie, avec un heureux succès, de ne pas lui écraser les mains. Le résultat est très bon : on roule la pâte compacte obtenue dans une sorte de sucre brun.

La femme qui m'a expliqué comment faire est belle, souriante, généreuse. Je me dis "qu'elles sont épanouies ces femmes de la campagne ; les travaux des champs, y a rien de meilleur". Raté, elle travaille chez Nikon. Mais elle aime toujours le gâteau de riz traditionnel frappé au pilon.

On continue par une station service. Les pompistes s'inclinent devant le révérend. Il entre dans les bureaux, me montre impérativement les toilettes (j'ai failli aller y faire semblant juste pour lui faire plaisir) ; il prend un journal et s'installe comme s'il était chez lui. En fait il effectue la tournée de ses paroissiens ; il est extrêmement bien traité, comme les curés au moyen âge je suppose.

ONSEN, LES THERMES JAPONAIS


Nous enchaînons par les thermes, occupation chère aux japonais. Un bâtiment ultramoderne dans les montagnes, avec une vue superbe. Là aussi l'ordre est à respecter. Prise de tension et de pouls (avec machine automatique qui vous sort un ticket) ; prise de poids ; bain bouillonnant à 46 ° , sauna, bain calme à 26 ° , bain extérieur à 38 °. De temps en temps une petite pose télé ; l'interview d'un centenaire parfaitement en forme, et un concours de chant ou les candidats font tellement de courbettes devant l'écran que je me surprends à faire des courbettes à l'écran de télévision ! C'est devenu un réflexe de Pavlov !

Puis on continue par la toilette intégrale. Le révérend me frotte énergiquement le dos (du haut jusqu'au bas du dos) avec un gant de nylon et du savon ; je lui rends la politesse. Tous les hommes sont nus. Cela ne me pose moins de problèmes de pudeur que ce que je redoutais. Un souvenir désagréable remonte à une douche commune dans un club de handball en Allemagne, mais j'avais 17 ans...

Après les bains, allons déjeuner. Classique : Soupe de nouilles et un vin japonais assez imbuvable. Les Japonais se prélassent, ils dorment sur les tatamis du déjeuner. Il faut dire que ces bains sont assez épuisants.

Mais mon révérend n'a pas dit son dernier mot, il m'entraîne dans la salle de Karaoké. Là j'attends 18 tours de chansons traditionnelles pop-soup synthétisantes avant de devoir exécuter "la vie en rose" (je n'ai jamais su les couplets), Girl et Michelle devant un parterre de japonais enthousiastes. Impossible de savoir s'ils sont contents ou si c'est de la politesse.

On fonce rechercher mon sac au temple, car il faut que j'aille rendre ma voiture de location avant que cela ne ferme. Les adieux sont toujours très chaleureux, "plis visit me in Paris".


Voilà j'ai fini ; je suis toujours dans ma trattoria de Fukui, à attendre mon bus de nuit. J'ai toujours 8 serveurs et serveuses au garde à vous devant moi, mais je ne suis plus seul. Quelques clients sont arrivés. Alors je conclus : si un moine bouddhiste vous invite sous la forme "plis com' to visit my tempo", accrochez bien vos ceintures, et allez y !